Conception HIPAF et financement CCVO.

Sentier inscrit au PDIPR. Douze panneaux informatifs jalonnent le parcours.

Paysage et géologie

Les roches d’Orgères

Le parcours emprunte la vallée de l’Ouche. Il longe la rivière bordée, sur sa rive gauche, d’arbres et de prés. Toute cette zone est inondable car l’Ouche a un régime extrêmement variable. Très vite, l’œil est attiré par les masses grises que forment les Roches d’Orgères. Ce sont des corniches dégagées et sculptées par l’érosion : alternance de gel et de dégel et action du cours d’eau à la fin de l’ère tertiaire et à l’ère quaternaire quand son débit était beaucoup plus important. Elles sont constituées de roches sédimentaires qui se sont formées au fond de la mer alors que celle-ci recouvrait toute la Bourgogne. Le paysage était sans doute voisin de celui des Bahamas, avec une mer chaude tropicale peu profonde, des lagons et des récifs coralliens ! Le niveau géologique représenté ici appartient au « Jurassique » et plus particulièrement à l’étage du « Bathonien ». C’est le calcaire dit de Comblanchien. On distingue deux principaux bancs formés de roche très compacte. Ils sont bien séparés par une couche plus tendre dans laquelle des petites cavités se creusent avec des suintements observables en période humide.

Au-dessus de ces roches, le plateau présente des aspects karstiques dus à la dissolution irrégulière des calcaires. Des lapiaz, sortes de ciselures, et des anfractuosités se sont ainsi formés. En outre, des diaclases ou fissures, orientées souvent à la perpendiculaire hachent le terrain.

Près du chemin du moulin,  l’ancienne voie Decauville reconstituée.

Dans le prolongement des Roches d’Orgères, on peut voir l’ancienne carrière des Ruelles de Velars. Dans les années 1930, elle était en activité pour fournir de la pierre à chaux dite « pierre à sucre » aux sucreries d’Aiserey ; la chaux était utilisée pour épurer le jus des betteraves. Depuis le chemin, on distingue des supports de rails qui formaient une voie étroite de 60 cm. La pierre était transportée par des wagonnets de l’autre côté de la rivière pour alimenter un concasseur entraîné par la roue à aubes du moulin. Un pont permettait à ces rails de traverser le cours d’eau. Une pile est encore bien visible sur cette rive et le soubassement d’une autre émerge quand le niveau de l’eau est bas. Cette carrière a été de nouveau exploitée en 1965 pour en extraire de la pierre marbrière. Mais elle fut rapidement abandonnée car la roche n’avait pas toutes les qualités attendues. Les nombreuses traces verticales correspondent aux trous creusés par les mèches des marteaux pneumatiques pour dégager des blocs de calcaire.

Deux meules de moulin ont été récemment retrouvées dans la rivière, juste au bout du chemin. Selon le cadastre napoléonien (1814), le moulin des Roches, situé sur l’autre rive, possédait « deux tournants ». Sans doute servait-il de moulin à grain et de moulin pour le battage du chanvre. En période de basses eaux, un alignement sommaire de pierres placées en biais en travers de la rivière est bien visible. Ce devait être un gué qui permettait la jonction entre deux chemins communaux : ce chemin-ci et le passage venant du canal vers le moulin.

L’abri du moulin

Juste après la carrière, un « abri sous roche » est facilement repérable : l’abri du Moulin. C’est une création de l’érosion qui fut occupée par les hommes à plusieurs époques très anciennes.


Faune des friches et des pelouses calcicoles

Ces milieux ouverts sont en grande partie  le résultat d’une déforestation, du pâturage ou d’écobuages. Ils étaient primitivement très rares et vraiment localisés sur les rebords de corniches calcaires. La faune et la flore  qu’on y rencontre actuellement sont plutôt caractéristiques des clairières naturelles intraforestières et des lisières.

Les reptiles sont abondants : lézard des murailles, plus rarement lézard vert (limite de répartition), couleuvre verte et jaune, couleuvre à collier profitant de la présence proche de l’Ouche, couleuvre d’Esculape, plus rare. La vipère existe mais en faible quantité.

L’argus bleu-nacré

C’est parmi les insectes directement dépendants des plantes de la pelouse sèche que l’on rencontre le plus de diversité et d’originalité : sauterelles dont le dectique des brandes, criquets, mante religieuse, grillon, éphippigère, ascalaphe de Montpellier mais aussi coléoptères variés, papillons multicolores dont l’azuré bel argus et le magnifique machaon -sa chenille affectionne les feuilles parfumées du fenouil de Alpes-, fourmis,  sans oublier les abeilles qui produisent ici un miel savoureux.


 Botanique

Le sentier parcourt de très anciennes pâtures communales aujourd’hui délaissées. Celles-ci, le plus souvent exposées au sud, sont soumises à un fort ensoleillement. Le sol qui repose sur des corniches calcaires est très maigre, voire inexistant à certains endroits. La végétation est très diversifiée ; adaptée à la sécheresse et à la chaleur, elle présente certaines caractéristiques méditerranéennes.

La pauvreté du sol limite le développement des arbres et des arbustes dont on observe cependant une grande variété : le prunier de Sainte Lucie, l’épine vinette, l’amélanchier à feuilles ovales, l’orme champêtre sont parmi les plus remarquables. Les fissures des roches abritent une flore particulière dont le saxifrage tridactyle et deux petites fougères : la capillaire des murs et la rue des murailles.

L’hélianthème et la globulaire

Au printemps, les fleurs sont très nombreuses. En avril et en mai on admire le violet des corolles duveteuses de l’anémone pulsatille, les jaunes de la potentille de printemps, du genêt prostré et de l’hippocrepis, les blancs de l’hélianthème des Apennins et du trinia glauque, les bleus de la globulaire et de la scrofulaire de Hoppe. On découvre de nombreuses orchidées -discrètes ou sophistiquées- tels les orchis mâle, bouc, homme pendu, militaire, les ophrys bourdon, abeille et mouche. En juin, la phalangère à fleurs de lis, le géranium sanguin et l’orchis pyramidal prennent le relais.

Au début de l’été, les pelouses sont parsemées des milliers de fleurs dorées de l’inule des montagnes et de l’anthyllis vulnéraire ainsi que des fleurs lilas de la germandrée petit chêne.

L’épine vinette

Au mois d’août apparaît la scutellaire des Alpes et la scille d’automne à la hampe pourpre. Sur quelques pentes plus fraîches s’épanouissent l’origan et deux sortes de bugranes : l’arrête-bœuf et l’ononis natrix.

En automne, ce sont les petits fruits des différents arbustes qui présentent le plus grand intérêt, tant pour le spectateur de la nature que pour le gourmet. Les baies de la viorne mancienne offrent sur la même ombelle une gamme de couleurs allant du vert au noir en passant par une multitude de rouges. Les grappes incarnat de l’épine vinette comme les drupes du cornouiller mâle sont délicieuses en gelée ou en confiture. Les boules bleu noir du genévrier parfumeront agréablement les plats de choucroute. En revanche, les perles noires du troène et les bonnets carrés rose indien du fusain sont toxiques.

La viorne mancienne

En hiver, la flore arbustive s’éclaire encore du vermillon des cynorrhodons comestibles de l’églantier, à ne cueillir qu’après les premières gelées tout comme les « blosses » pruineuses du prunellier. On peut observer tout au long de l’année de nombreuses graminées. Parmi elles, le brome dressé et la fétuque de Bourgogne sont les plus abondants. La liste des plantes citées, loin d’être exhaustive, est cependant bien représentative de la végétation des pelouses calcaires.


 Archéologie

Les abris préhistoriques

La présence de très fines lamelles de silex a confirmé une occupation humaine des abris du Moulin et du Sphinx à partir du Mésolithique (entre – 8 000 et – 5 000 ans). L’abri du Moulin a fait l’objet de plusieurs fouilles (P. Jobard 1897, E. Socley 1913, E. Thévenot et J. Joly 1970). Il semble avoir été principalement occupé d’une façon prolongée et sans doute permanente, à l’époque néolithique (entre – 5 000 et – 3 000 ans), céramiques, haches en pierre polie, silex et casse-tête en granite tendent à le prouver. Plusieurs vestiges, trouvés sur place et dans les coffres sous tumulus des nécropoles voisines, permettent de supposer une occupation par une population d’éleveurs et d’agriculteurs qui menaient une vie sédentaire.

Nécropoles tumulaires « sur les Roches »

À proximité de la station d’épuration des eaux usées, deux nécropoles tumulaires ont été identifiées de part et d’autre de la combe Maladière. La partie Ouest, Sur les Roches, étudiée par P. Jobard en 1897 et 1900, revisitée par E. Socley entre 1910 et 1913, a fait l’objet de deux sauvetages, l’un en en 1959 par J. Joly et l’autre en 1986-1987 par P. Buvot et J. Dorion de la Direction des Antiquités Préhistoriques de Bourgogne. Sur les vingt et un tertres repérés, huit seulement ont pu livrer des indications permettant de les dater. Ils s’étalent du Chalcolithique (de – 2 300 à – 1 600 ans) à La Tène (fin de l’âge du fer : de – 500 à – 400 ans) avec parfois, pour un même tertre, remaniement et réutilisation après plusieurs époques.

La grande dalle calcaire, à proximité des bassins de rhizocompostage, recouvrait une chambre funéraire à deux sépultures où ont été relevés de nombreux débris de poterie et un collier composé d’encrines, d’os d’oiseau, d’un ornement rond en ivoire, d’une petite coquille de moule d’eau douce et d’une incisive de sanglier. L’ensemble était recouvert d’un tumulus de 10 m de diamètre dont le pourtour est encore visible.

Ces vestiges funéraires confirment la localisation d’un habitat de hauteur éloigné de la vallée humide, à proximité de sources et de voies pour lesquelles la position de surplomb facilitait la surveillance. Ils attestent de la présence d’une vie sociale vieille d’au moins 4 000 ans.

La dalle funéraire

HIPAF

Pour aller plus loin : Guy Masson